Fumées chirurgicales : le danger méconnu des blocs opératoires

Depuis quelques années, diverses techniques peu invasives sont privilégiées en chirurgie dont la coelioscopie. Elle réduit le risque de complications post-opératoires, améliorant ainsi le confort du patient après l’intervention. Cependant, cette technique n’est pas sans risques : des fumées chirurgicales nocives sont générées pendant l’opération, exposant le personnel de bloc à des risques pour leur santé.

 

 

1. Que sont les fumées chirurgicales ?

 

Depuis quelques années, des techniques chirurgicales peu invasives comme la coelioscopie utilisent l’action de la chaleur ou les ultrasons pour sectionner ou cautériser les tissus du patient. Ces interventions génèrent toutefois des fumées chirurgicales qui sont ensuite rejeté dans le bloc opératoire.

Celles-ci sont ainsi composées d’un mélange de vapeur d’eau, de différentes substances toxiques et de constituants biologiques. La concentration de ces différents éléments varie selon la technique utilisée et le tissu sur lequel on intervient.
La vapeur d’eau constitue environ 95% des fumées chirurgicales. Elle n’est pas nocive en elle-même, mais elle sert de véhicule aux autres composants.
Parmi ces composants, on retrouve de nombreux Composants Organiques volatiles (COV), dont les hydrocarbures aromatiques tels que le benzène, le toluène, l’éthylbenzène ou les xylènes.
Sont également présent dans ces fumées des polluants qui sont produits sous l’action de la combustion des tissus : ce sont notamment des oxydes de carbone (O2 et CO2), des oxydes de soufre et d’azote, de l’ammoniac.

 

D’autre part, des analyses quantitatives ont permis de confirmer la présence de polluants biologiques de plusieurs sortes :

  • Des matières cellulaires (cellules intactes ou fragments de cellules), cellules sanguines, et des fragments d’ADN viral ;
  • Des bactéries telles que le Bacillus subtilis, Staphyloccocus aureus et Mycobacterium tuberculosis ;
  • Des virus infectant comme le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), l’HBV (virus de l’hépatite B), et le HPV (virus du papillome humain).

2. Les risques éventuels des fumées chirurgicales

 

En 1977, Y. Tomita a mis en lumière le fait que les fumées générées par l’électrocoagulation sont 2,6 fois plus mutagènes que les fumées de la cigarette.

Quelques années plus tard, en 1995, M. Hoglan a mis en cause une nouvelle fois la nocivité des fumées : 1 gramme de tissu coagulé pendant 15 min peut causer un préjudice égal à celui de 60 cigarettes !

 

 

L’exposition à ces fumées peut provoquer des symptômes dose-dépendants : plus l’exposition est régulière et dure dans le temps, plus les symptômes ressentis sont aigus et importants. Ainsi, les praticiens peuvent ressentir des maux de tête, des nausées, une fatigue musculaire, des sensations de faiblesse, une irritation des yeux et/ou des voies respiratoires.

Des effets spécifiques aux fumées chirurgicales, plus graves, sont également imaginables mais pour l’heure, seuls la mutagénèse et le risque de cancer ont été évalués.

 

Toutefois, quatre études ont avancé le fait que certaines maladies infectieuses pouvaient se transmettre via les fumées chirurgicales. Les chercheurs ont ainsi recensé quatre praticiens ayant contracté le papillomavirus humain (HPV) ou une papillomatose laryngée, dû à leurs pratiques d’électrochirurgie.

 

Outre les effets nocifs sur la santé des équipes, les fumées chirurgicales présentent une gêne visuelle. Étant présentes dans le pneumopéritoine, elles dégradent la visibilité du chirurgien.

 

Pour préserver la santé des équipes chirurgicales ainsi que celle des patients, il est donc important de les protéger par un système d’aspiration et d’évacuation de proximité.

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